Page:Janet - Les névroses, 1909.djvu/223

Cette page n’a pas encore été corrigée

restait immobile sur sa chaise, ne pensant à rien, ne faisant que respirer. Il est intéressant de noter cette relation des troubles respiratoires et des troubles de l’attention. Dès qu’on l’hypnotise, la respiration se calme et on le guérit d’ailleurs très vite par ce procédé. Mais il faut ajouter ici un fait curieux sur lequel nous aurons à revenir : cet homme resta guéri pendant deux ans, puis il fut bouleversé par la mort de sa petite fille. Quel trouble présenta-t-il à la suite de ce chagrin? Eut-il des attaques de somnambulisme ou des crises convulsives comme nous l’avons observé chez tant de malades dans ces circonstances? Non, ce fut encore la même polypnée qui recommença et qu’il fallut guérir par les mêmes procédés. Un sujet qui a déjà présenté une forme particulière d’hystérie reproduit indéfiniment les mêmes accidents à propos de toutes les émotions.

Après ces exagérations de l’ensemble de la respiration, énumérons rapidement les exagérations de détail, les tics portant sur telle ou telle fonction particulière qui s’émancipe et se met en marche indépendamment de la volonté et de la conscience. Voici d’abord les tics d’inspiration, l’inspiration exagérée en rapport d’ailleurs avec un certain sentiment de dyspnée, qui prend la forme de soupirs continuels. Un peu plus forte, cette inspiration deviendra un sanglot, puis un bâillement. On se souvient de l’importance qu’on a attribuée autrefois au bâillement hystérique qu’on trouvait très amusant : rien de plus singulier en effet que ces pauvres filles qui toutes la journée bâillent à se désarticuler la mâchoire, deux ou trois fois par minute. C’est un des phénomènes où se montre le mieux la contagion de l’imitation, c’est aussi un phénomène en rapport avec les troubles de l’alimentation. Il en est de même pour le dernier tic inspiratoire, le hoquet, qui est aussi très fréquent. Le hoquet n’est autre chose qu’une inspiration très