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quelconque on les empêche de vomir, ils sont angoissés, agités; ils finissent par perdre conscience dans une grande attaque hystérique. Bien des malades ont ainsi à choisir entre des attaques délirantes et le vomissement perpétuel. C’est bien là le caractère d’une agitation automatique qu’ils ne peuvent plus gouverner.

Chez les psychasténiques, le vomissement prend souvent des caractères un peu différents. Il prend la forme d’un désir obsédant, d’une impulsion véritable. Le malade, dès qu’il a fini de manger, éprouve un malaise général, des souffrances dans tout le corps et surtout dans la tête. Il en fait un tableau dramatique : « Il me semble que mon estomac est complètement inerte… la masse alimentaire remue comme dans un sac… tout le temps que j’ai l’estomac plein, j’ai tous les membre brisés et je sens comme si mes yeux étaient retirés à l’intérieur de mon crâne,.. je ne pense qu’à mon estomac, c’est dans mon estomac qu’est toute ma vie. Cette agitation s’exaspère graduellement par une accumulation de cette souffrance sourde qui accompagne toutes mes actions, toutes mes pensées et qui teinte tout de souffrance… Les autres douleurs, je les supporte, mais celle-là me défait le caractère, elle rend toutes les choses étranges et incompréhensibles, je ne me sens plus être moi-même, je perds ma personne, ou je perds la raison. » Si l’on songe que le remède à de telle souffrances est tout à la portée du malade, on comprend qu’il n’ait guère la vertu de résister. Il lui suffit de faire un tout petit effort et un vomissement abondant le débarrasse aussitôt. Mais à ce moment une nouvelle inquiétude le prend, il n’est pas certain d’avoir complètement vomi; il recommence plusieurs fois l’opération et pendant des heures il se contorsionne, il fait des efforts continuels pour vomir : « parce qu’il reste une gorgé de bile et qu’il doit la vomir pour se soulager ». Il y a