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me semble plus irrégulière et en général un peu moins dangereuse. Les malades n’arrivent pas aussi vite ni aussi souvent à la période d’inanition terminale[1].

Les diverses fonctions partielles qui entrent dans l’alimentation peuvent s’émanciper isolément. Si nous suivons le bol alimentaire depuis son introduction, nous pouvons noter la série des accidents suivants : au début nous observons les spasmes des mâchoires et des joues, les tics de crachotement et de salivation perpétuelle, les divers spasmes du pharynx et en particulier les tics de déglutition. Certains sujets avalent toutes la journée quelques chose; tantôt ils avalent simplement leur salive, tantôt ce qui est plus sérieux et plus grave, ils avalent de l’air. Ce tic de l’aérophagie a des conséquences très importantes : l’air ingéré trouble énormément la digestion stomacale, et quand il pénètre dans l’intestin il donne naissance à des phénomènes remarquables sur lesquels nous reviendrons bientôt à propos du météorisme. Des spasmes de l’œsophage empêche certains sujets de déglutir les aliments; chez d’autres il y a une véritable régurgitation, le mérycisme, qui ressemble à la rumination des animaux.

Un de ces spasmes est particulièrement grave, c’est le vomissement névropathique; il peut empêcher toute alimentation et déterminer une véritable inanition. Peut-être présente-t-il des caractères un peu spéciaux dans les deux névroses que nous considérons. Dans l’hystérie, il est plus inconscient, plus involontaire, il s’accomplit rapidement d’une façon automatique sans être précédé par des sentiments bien nets de malaise ou de nausée. Un phénomène assez caractéristique, c’est que les malades ne semblent pas supporter l’arrêt de ces vomissement. Quand par un procédé

  1. Obsessions et psychasténie, 1903, I, p. 554.