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et qui restaient tranquillement endormis pendant des heures et pendant des jours sans qu’on pût par aucun moyen les réveiller. Ces malades, qui présentent des sommeils anormaux, n’ont pas tous les même aspect : les uns semblent avoir un sommeil assez léger, ils se remuent de temps en temps, murmurent quelques paroles; les autres ont une immobilité beaucoup plus complète et semblent complètement dépourvus de sensibilité et de conscience. Les degrés les plus profonds de ces sommeils ont été désignés sous le nom de léthargie pour indiquer que l’aspect de ces malades se rapproche de celui du cadavre. Le visage est d’une pâleur de cire, sans aucune expression, les yeux sont fermés et quand on les ouvre on trouve quel les pupilles sont dilatées et que les yeux restent immobiles; la peau semble être refroidie, les fonctions viscérales paraissent très diminuées, la respiration est superficielle et rare; les battements de cœur sont sourds et difficiles à percevoir.

On raconte qu’un certain nombre de malades dans ces états ont été pris pour des morts et que cet accident a donné lieu à des inhumations précipitées. J’en suis toujours pour ma part un peu surpris : tous les léthargiques que j’ai eu l’occasion de voir ne pouvaient à mon avis donner lieu à aucune illusion, il suffisait d’un peu d’attention pour éviter cette erreur absurde. D’abord il n’est pas vrai, au moins dans les cas assez nombreux que j’ai pu voir, que les fonctions viscérales soient abolies; on peut ne pas sentir le pouls, mais avec un peu d’attention on entend toujours le cœur, et en cherchant bien on trouve toujours des manifestation de la respiration. D’ailleurs la température n’est pas très basse et la peau ne donne jamais au contact l’impression de la peau cadavérique. Il y a même des petits phénomènes spéciaux qui manquent rarement : par exemple une légère trémulation des paupières, le réflexe pupillaire