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remarque sur la systématisation des troubles de perception complète les études précédentes sur l’absence de lésions et sur l’intégrité des réflexes élémentaires. Elle nous confirme dans cette opinion que ce nouveau troubles est fonctionnel et d’ordre psychologique.

Arrivés à ce point, il faut nous convaincre que l’anesthésie hystérique, pas plus que les dysesthésies, n’est une suppression radicale de la fonction elle-même, une destruction de la sensation. Pour le comprendre, on ne saurait trop insister sur la mobilité de ces anesthésies en apparence si nettes et si fixes. Elles varient d’un moment à l’autre sous l’influence de causes si minime qu’elles peuvent passer inaperçues. Tous les accidents hystérique peuvent modifier la répartition de la sensibilité. Des changements d’état même normaux, comme le sommeil naturel, peuvent transformer les anesthésies. J’ai montré autrefois que les anesthésies hystériques, comme les autres troubles névropathiques, disparaissent souvent pendant le sommeil naturel : des sujets qui ne sentent rien sur leur côté gauche pendant la veille sont réveillés ou se plaignent si on les pince de ce côté pendant le sommeil. Diverses intoxications, l’ivresse alcoolique, le début de la chloroformisation, l’état déterminé par la morphine suppriment les anesthésies : une hystérique ivre n’est plus insensible. L’objet principal de mes premières études, publiées dans mon livre sur l’Automatisme psychologique, en 1889, était surtout l’étude des nombreux changements de sensibilité qu’on observe dans les différents somnambulismes provoqués. La sensibilité se modifie également pendant la veille : Briquet avait déjà indiqué l’influence des excitations électriques; Burq avait cru noter celles des aimants et des plaques métalliques. J’ai insisté beaucoup sur l’influence de l’imagination, de la suggestion, de l’asso-ciation des idées, et surtout de l’attention. Collons un pain à cacheter