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s’agit très souvent de troubles qui ont pour point de départ les organes génitaux. Vr…, après avoir trompé son mari, a de grands remords et de grandes craintes, elle simule d’abord volontairement une maladie pour refuser de s’enfuir avec son amant, mais ensuite elle ne peut plus se débarrasser de douleurs qui siègent aux parties génitales et aux ovaires. Elle reste huit mois dans son lit sans consentir à faire le moindre mouvement des jambes ou du tronc; il faut la chloroformer pour pouvoir palper le ventre et on finit par lui faire l’opération chirurgicale qu’elle réclame, ce qui permet seulement de constater des organes parfaitement sains et ce qui ne la guérit pas du tout.

Ces souffrances siègent souvent à la peau et déterminent des prurits, des agacements, des angoisses de toutes espèces. Quelquefois ces douleurs sont interprétées par les malades qui ne peuvent s’empêcher de sentir « des grenouilles qui se promènent dans leur dos, des langues d’animaux dégoûtants qui les lèchent, des vers, des intestins pourris qui glissent le long de leur corps ». C’est là ce qu’on a appelé souvent des dermatophobies, des acarophobies, des syphiliphobies, etc. Inutile d’énumérer les algies du nez, de la bouches, de la langue, des dents. Il y a des malades qui se font arracher successivement toutes les dents saines, et M. Galippe, en 1891, a consacré un intéressant travail à ces maladies des dents qui ne regardent pas le dentiste.

Les sens spéciaux sont susceptibles de présenter les mêmes troubles. L’odorat devient pénible quand l’odeur s’associe avec l’une des manies du scrupuleux. L’un se figure que toutes les odeurs « rappel-lent les odeurs des parties génitales » et un autre craint qu’en aspirant l’odeur « il ne fasse monter dans le nez des petites bêtes qui iraient jusqu’au cerveau ». L’ouïe est plus souvent encore atteinte de ces algies : Ot…, homme de cinquante ans, retiré des