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4. - Les algies des psychasténiques.


Si nous considérons le second groupe de malades, les phénomènes se séparent moins nettement, mais nous retrouvons au moins à titre d’indication les mêmes grandes distinctions, les troubles de la perception par agitation, par douleur, et les insuffisances de la fonction. Beaucoup de psychasténiques présentent aussi sur certains points du corps des régions douloureuses où ils ne peuvent supporter aucun contact ni aucun mouvement. Quand on effleure ces parties ou quand ils doivent faire fonctionner ces organes, ils semblent éprouver des douleurs et des troubles tout à fait énormes et bien entendu tout à fait disproportionnés avec la modification opérée; ils ont des troubles de la circulation et de la respiration, ils sont couverts de sueur, ils se contorsionnent, reculent avec des gestes d’épouvante et poussent des cris de souffrance. Ces douleurs disproportionnées, ces émotions inopportunes se produisent dans deux circonstances légèrement différentes. Tantôt elles sont à peu près continuelles, à propos d’une partie déterminée du corps, même quand cette partie reste immobile : ce sont les algies proprement dites. Tantôt elles ne se développent qu’au moment où l’organe doit entrer en fonctions, ce sont les phobies des fonctions. Il est évident d’ailleurs que dans bien des cas ces troubles se rapprochent et se confondent.

On observe de ces douleurs dans toutes les parties du corps. Quand elles siègent dans les muscles des membres elles donnent quelquefois naissance à cette maladie qui a été appelée par Moebius, akinesia algera. Plus souvent elles siègent sur quelque organe, c’est ainsi qu’il y a de ces algies aux seins et que les malades se figurent avoir un cancer. D’autres souffrant à la poitrine parlent constamment de phtisie. Il