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visuelle ou la perte de la vision des objets petits et délicats.

Il faut signaler rapidement la dyschromatopsie ou perte de la vision des couleurs. Il arrive fréquemment, en effet, que des hystériques, ayant encore une assez bonne acuité visuelle, cessent de percevoir les couleurs ou du moins certaines couleurs. Le violet, le bleu, le vert semblent disparaître les premiers; le rouge est la couleur qui paraît persister le plus longtemps. On sait autrefois à ce propos que cette persistance de la perception du rouge explique l’affection que les hystériques manifestent souvent pour cette couleur et pour les autres couleurs très voyantes. Il y a là à mon avis quelque exagération et il est plus probable que des raisons morales, comme le besoin très curieux qu’elles ont de se faire remarquer, jouent un rôle plus considérable dans ces préférences pour certaines toilettes.

Si nous continuons l’examen des troubles hystériques de la vision, nous voyons que la destruction ou plutôt la dissociation peut encore pénétrer davantage et atteindre des fonctions plus importantes. Un des symptômes hystériques les plus remarquables est le fameux rétrécissement du champ visuel dont l’étude devrait être plus approfondie et que nous ne pouvons faire ici. On sait que la vue, grâce aux dimensions de la rétine, s’étend sur une certaine surface qu’un œil peut voir simultanément sans bouger. Sans doute tous les points de cette définition seraient à discuter : il n’est pas bien certain, en particulier, que tous les points du champ visuel soient perçus simultanément dans un seul et même acte d’attention, mais cette définition suffit pratiquement. Il résulte de cette étendue du champ visuel que la vision se subdivise en deux fonctions, celle de la vision directe qu s’applique à l’objet placé exactement au point de fixation et la