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sortes d’accidents hystériques, mais qui, habitant la campagne, n’a jamais entendu parler de ces troubles bizarres de la perception, fut un soir effrayée, pendant l’époque de ses règles, par un mauvais plaisant déguisé en fantôme; elle eut à ce moment des tremblements, des secousses, des cris. On put la calmer et la coucher et elle dormit tranquillement; mais le lendemain elle se réveilla absolument sourde des deux côtés. Cette surdité a duré quinze jours et n’a cédé qu’à un traitement hypnotique. Enfin il est facile de concevoir que, dans quelques cas, la surdité peut s’associer avec le mutisme que nous avons déjà étudié et déterminer des formes plus ou moins graves de surdi- mutité hystérique. Tout récemment M. Ingegnieros, de Buenos-Ayres, ajoutait un chapitre intéressant à l’étude de ces troubles névropathiques de l’audition en décrivant des surdités musicales, des troubles portant uniquement sur la perception de la musique. Ces phénomènes se rapprochent évidemment des amnésies que nous avons examinées au début de cet ouvrage et sont des faits un peu plus complexes.

Il faudrait tout un livre pour décrire les troubles de perception qui peuvent atteindre la fonction visuelle : c’est encore là un champ d’études remarquables pour la psychologie expérimentale. Je rappelle seulement que la vision dans son ensemble et que toutes les parties de la fonction visuelle isolément peuvent être supprimées par l’hystérie. En commençant par les phénomènes les plus restreints on observe d’abord la simple asthénopie accomodative, beaucoup plus fréquente qu’on ne le croit. Ce qui est perdu dans ce cas, c’est la partie la plus élevée de la fonction visuelle, le pouvoir non pas de voir, mais de regarder avec précision un objet déterminé et d’en suivre les différentes lignes. Ensuite nous rencontrons l’amblyopie : le trouble s’étend déjà à une vision même moins précise, c’est une diminution de l’acuité