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Une autre forme d’insensibilité porte sur les impressions de chaud ou de froid; dans d’autres cas, elle porte sur le toucher proprement dit. Le sujet ne distingue pas les contacts légers comme ceux des poils d’un pinceau et ne sait aucunement si on le touche ou si on ne le touche pas, ni quels objets on met dans sa main. La même insensibilité peut siéger non seulement sur la peau, mais encore sur les muqueuses; l’insensibilité de la bouche, du pharynx, de la conjonctive oculaire, ont été souvent étudiées. Ces troubles de perception sont intéressants, car ils s’accompagnent souvent de la suppression de certains phénomènes, de la suppression plus ou moins complète du réflexe nauséeux ou du réflexe conjonctival des paupières.

L’anesthésie musculaire enlève la connaissance de la position des membres, de leurs mouvements ou du poids que le membre soulève; le sujet est incapable de discerner la différence qu’il y a entre les divers poids que l’on met sur sa main, il ne peut pas, quand il a les yeux fermés, décrire la position donnée à un de ses membres, il est incapable de placer volontairement et consciemment le membre symétrique dans la même position; enfin, il n’apprécie pas normalement la fatigue générale ou locale. Tous ces phénomènes sont souvent très remarquables et amènent à leur suite une foule de conséquences très curieuses qui ont été l’objet des premières études de la psychologie expérimentale.

Une variété d’anesthésie tactile et musculaire très curieuse et peu connue trouble non la perception des impressions mais leur localisation. Dans sa forme la plus intéressante, cette anesthésie empêche le sujet de distinguer son côté droit de son côté gauche ou l’amène à commettre, à ce propos, une singulière erreur qui consiste à apporter toujours au côté droit une impression faite sur le côté gauche et réciproquement.