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certains points du corps modifiait les phénomènes hystériques, provoquait les attaques ou les arrêtait par exemple. Des possédées, comme sœur Jeanne des Anges en 1634, plaçaient leurs démons en divers points de leur corps; Léviathan avait sa demeure au milieu du front, Béhérit sa résidence à l’estomac, Balaam sur la deuxième côte à gauche et Isackaarum sur la deuxième côte du côté droit. Si on touchait ces points, on déterminait le trouble nerveux, spasme, aboiement ou délire qui constituait la spécialité de tel ou tel de ces diables.

À l’époque de Charcot, on insistait beaucoup sur ces faits, on expliquait une foule de choses par les points hystérogènes, hypnogènes, algogènes, érotogènes, etc. Beaucoup d’études psychologiques ont lutté contre cette interprétation et ont montré que dans la plupart des cas il s’agissait simplement d’associations d’idées développées à la suite d’émotions, de suggestions ou d’habitudes.

Enfin, il faut dire un mot d’un troisième groupe de dysesthésies plus curieuses que les précédentes qui dépendent d’un trouble de la perception elle-même. Nous venons de voir un homme qui conserve une impression de froid sur une jambe à la suite du souvenir d’un événement où le froid a réellement joué un rôle. Mais nombre d’autres sujets ont, sur diverses régions du corps, des impressions de froid ou sentent des gouttes d’eau froide qui coulent sur la peau sans qu’il y ait, dans leur souvenir, aucun événement semblable. D’autres ont des sensations d’engourdissement, de démangeaison, de fourmillement ou des sentiments bizarres qui les portent à croire que leurs membres sont devenus trop gros ou trop petits. En les examinant, on observe qu’à ce moment la sensibilité de cette région a plus ou moins diminué et que cette diminution est toujours parallèle à ces impressions bizarres. La dysesthésie semble, ici, en rapport