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horrible. Comme il ne se rend pas bien compte de l’évocation de ces phénomènes par association d’idées, il dit qu’il souffre dans tout le côté gauche. Une jeune fille, X… présente des impressions bizarres sur tout le côté droit : dès qu’elle est touchée de ce côté, elle a des horripilations et des frissons de dégoût, elle prétend ne pas comprendre ce qui se passe et attribue cela à une sensibilité particulière de la peau du côté droit. Nous n’avons qu’à assister à une de ses crises de délire à forme somnambulique pour comprendre ce qui se passe. Dans cet état, elle est convaincue à tort ou à raison que pendant son sommeil un individu s’est couché près d’elle, à droite, et qu’il a abusé d’elle. C’est cette idée fixe, ce rêve si l’on veut, qui se réveille à propos de tous les contacts du côté droit. On peut noter, à ce propos, que cette dysesthésies est surtout notable au bas-ventre et aux seins. En général, toute hystérique qui présente des troubles de sensibilité à ces régions a quelque idée fixe se rattachant à des aventures amoureuses. On observe de ces dysesthésies par association d’idées à propos de toutes les sensations : Gu… a horreur de la couleur rouge « qui, dit-elle, lui fait mal aux yeux » : dans ses crises elle est furieuse contre des individus qui, à propos d’opinions politiques, ont mis des fleurs rouges sur le cercueil de son père. Un individu qui, pendant la guerre, a couché une nuit sur le sol glacé, conserve, pendant des années, des impressions de froid sur tous les points proéminents de son côté gauche.

La notion de ces dysesthésies par association entre une certaine sensation fournie par le contact d’un point du corps et certaines idées fixes plus ou moins conscientes nous amènent à comprendre un fait qui a donné lieu, autrefois à bien des discussions étranges, le fait des points hystérogènes. Depuis le XVIe siècle (Mercado 1513, Ménardes 1620, Boerhave, etc.), on avait remarqué que la pression sur