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il s’arrêtait, l’angoisse disparaît tout de suite, ce qui montre bien son caractère secondaire. Toutes ces remarques nous démontrent que, dans les phobies précédentes, le phénomène essentiel est un trouble de l’action, une incapacité d’exé-cuter certains actes déterminés qui est tout à fait analogue aux paralysies des hystériques.

Pour aller plus loin, il faut se demander de quelle nature est ce nouveau trouble de l’action. Bien entendu, les premiers problèmes, soulevés par l’étude des paralysies hystériques, ne se présentent pas ici : on ne peut songer à un trouble des muscles, des nerfs ou de la moelle, et nous savons d’avance que tous les réflexes sont intacts. C’est que le trouble porte d’une manière plus systématique sur des actions précises, déterminées par la conception de leur but, par la perception de leurs circonstances. L’impuissance est moins vague, moins générale; il s’agit rarement d’un trouble portant sur les mouvements de la jambe ou du bras, c’est un trouble portant sur une marche particulière, sur une signature d’une lettre spéciale : le caractère psychologique est tout de suite évident.

Cependant les derniers problèmes qui ont été envisagés, à propos des paralysie hystériques, se posent encore de la même façon. Peut-on dire que l’action soit complètement supprimée, que le malade soit absolument incapable de marcher, de compter ou d’écrire? Évidemment non; il suffit souvent de changer très peu de chose aux conditions de l’action pour qu’elle puisse s’exécuter aisément. Supprimons les témoins, par exemple, le timide va faire tout ce qu’il ne pouvait pas exécuter. Bien mieux, prions le sujet de renoncer pour un moment à accomplir l’action avec perfection, dispensons-le de se décider par lui-même en prenant sur nous la responsabilité, évitons-lui le trouble de la liberté en lui imposant notre volonté, et on va le voir exécuter tout de suite, sans émotions,