Page:Janet - Les névroses, 1909.djvu/173

Cette page n’a pas encore été corrigée

qui déterminent ces phobies ne sont pas pris au hasard. On constate des phobies des rasoirs, des ciseaux, des appareils télégraphiques, de la plume; mais chez qui les constate-t-on? La phobie du rasoir appartient au coiffeur, celle des ciseaux à la couturière, celle de la plume au notaire, celle de l’appareil télégraphique à l’employé des postes. Ce n’est pas par hasard que l’objet terrifiant est justement l’instrument professionnel. Il n’est pas difficile de voir que l’objet n’est ici qu’un symbole, un instrument de quelque chose qui est l’acte professionnel.

Dans les autres cas, il en est toujours de même; cette maladie était appelée primitivement le délire du contact, parce que le trouble vient le plus souvent à la suite d’un toucher de l’objet; mais, comme je l’ai montré dans beaucoup d’expériences, il ne s’agit pas d’un contact quelconque. La plupart de ces sujets tolèrent facilement le contact passif dans lequel l’objet est simplement approché du sujet par une autre personne. Iu… « pour rien au monde ne touchera elle-même les vêtements où elle s’imagine avoir fait tomber des fragments d’hos-tie »; mais si je prends moi-même la robe et l’approche de ses mains, elle se résigne à subir le contact en disant : « C’est vous qui faites l’action et qui prenez la responsabilité ». L’objet qui détermine l’angoisse est surtout un objet qui intervient dans une action qu’il faudrait exécuter; l’objet n’est ici, à mon avis, qu’une occasion, ainsi que le contact, parce qu’on n’agit pas sans toucher à des objets; mais l’essentiel, c’est l’acte. L’analyse sera, suivant les cas, plus ou moins difficile, à cause de la complication des délires, de l’association des idées, des symboles qui transportent la phobies plus ou moins loin; mais je crois que toujours on trouvera à son point de départ un acte qu’il s’agit d’accomplir et que le sujet ne parvient pas à faire.

Mais, dira-t-on, il ne le fait pas parce qu’il a peur,