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Le rapprochement que j’ai proposé des phobies psychasténiques et des paralysies hystériques demande à être justifié. Pour le comprendre, il faut d’abord établir un premier fait : c’est que toutes les phobies, malgré leurs noms différents, qu’elles soient des phobies des fonctions, des phobies du contact ou des phobies des situations des agoraphobies, des éreutophobies ou des phobies du mariage, etc., sont au fond toutes du même genre et que ce sont toutes des phobies d’actes.

Pour le premier groupe, les phobies des fonctions, les phobies de la marche, par exemple, cela est évident; pour les autres, il faut ajouter quelque analyse. Nous avons déjà vu que certaines phobies, comme les éreutophobies, sont d’ordinaire très mal comprises : ce n’est pas la rougeur proprement dite qui tourmente le sujet, il tolère cette rougeur avec le plus grand calme quand il est tout seul; ce qui le rend malheureux, c’est la rougeur en public, et nous avons déjà vu que ce sont là des phobies des situations. Mais ici encore l’analyse est incomplète : la situation en elle-même n’est rien et notre sujet serait parfaitement calme s’il ne la remarquait pas, s’il ne s’en rendait pas compte. Ce qui l’effraye, c’est d’avoir à se placer lui-même dans cette situation, d’avoir à jouer un rôle dans le salon, à y entrer, à y parler. Il s’agit, en réalité, ici d’une action dans certaines conditions, et c’est cette action qui est redoutée.

La discussion semble plus difficile pour les phobies des objets, car, en réalité, le trouble semble naître après une simple perception d’un objet rouge ou d’un objet sale. Quelques observations peuvent cependant déjà mettre sur la voie de l’interprétation : les objets