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normal; elle ne détermine pas les mêmes conséquences. Je crois également que M. Paul Richer avait fait autrefois des observations fort justes, quand il soutenait que la courbe de la contraction et de la décontraction n’est pas la même, quand on l’observe chez des individus normaux et sur des sujets disposés à la contracture. En un mot, les contractures ne sont pas seulement des actions subconscientes, ce sont des actions altérées suivant des lois que nous connaissons bien mal.

Voici l’hypothèse que l’on peut présenter à ce propos d’une manière toute provisoire : les actions qui se manifestent par des mouvements musculaires présentent différents degrés de perfection en rapport avec le développement et la systématisation de la conscience qui les accompagne. Ces degrés de perfection se manifestent d’abord par des caractères psychologiques de l’action, délicatesse, harmonie, utilité de l’acte, mais ils se manifestent aussi par des propriétés mêmes du mouvement. Le mouvement musculaire de la main d’un dessinateur n’est pas le même que le mouvement musculaire de la patte d’un chien ou de la patte d’un crocodile. Il y a des propriétés physiologiques particulières accompagnant la perfection de l’acte. On en connaît quelques-unes : la rapidité de la contraction et surtout la rapidité de la décontraction sont certainement bien plus considérables. Dans les muscles des animaux inférieurs, comme on l’a souvent montré, la contraction se fait lentement et se défait lentement. Je crois même, et je prie d’excuser la témérité de ces suppositions, qu’il doit y avoir des différences anatomiques dans l’état des muscles en rapport avec ces degrés de perfection du mouvement. On a beaucoup insisté dernièrement sur les deux organes qui existent dans la fibre musculaire : les fibrilles donnant des contractions brèves et le sarcoplasme donnant des contractions longues et