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que la contracture hystérique ne réclame pas des altérations des organes périphériques, qu’elle peut être reproduite par des organes sains, cela n’indiquerait rien sur le mécanisme intime de ces contractures et sur l’état mental qui les accompagne. Il est fort probable que l’état mental du simulateur est fort différent de celui de la malade et qu’il n’y a d’analogie que dans l’attitude extérieure. On peut de même simuler l’attitude d’un dément ou le langage d’un persécuté, et cela ne prouve pas du tout que la démence ou le délire de persécution soient des phénomènes volontaires chez le malade. Mais il est absolument inutile d’insister sur cette discussion, car, à mon avis, cette simulation de la contracture est extrêmement grossière et même n’a jamais été faite sérieusement. D’abord, il est fort probable, ainsi que je l’ai toujours constaté, que le graphique de la contraction volontaire du simulateur ne serait pas du tout identique à celui de la contracture hystérique. Ensuite, il n’y aurait même pas lieu de pousser l’analyse aussi loin, car la simulation n’a jamais reproduit le caractère essentiel des contractures hystériques, je veux dire la durée de ce phénomène. Un individu qui a simulé pendant quelques minutes une contracture, laisse entendre que, s’il le voulait bien, il pourrait continuer ainsi indéfiniment, mais en fait il ne continue pas. C’est que sa volonté de maintenir le bras dans la même position est rapidement transformée par le changement des circonstances, par la sensation de fatigue, par l’ennui, par le sentiment du ridicule, par le simple besoin de se servir de son bras pour écrire ou pour déjeuner. Ce qui caractérise le phénomène hystérique, c’est justement que, ni la fatigue, ni l’ennui, ni le ridicule, ni le besoin de se servir de son bras pour gagner sa vie et pour échapper à la misère, ne peuvent changer l’état mental qui détermine la contracture. En réalité, il n’y a pas lieu de parler de la simulation