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Au réveil, elle a la tête et les yeux tournés à gauche et en arrière et ne peut plus modifier cette position, quoiqu’elle ne comprenne plus maintenant quelle est l’idée qui lui fait ainsi tourner la tête.

D’ailleurs, on peut constater ce rôle de la pensée et de l’idée fixe par l’examen de l’état du muscle lui-même. Si on étudie un sujet qui présente des contractures organiques développées à la suite d’hémorragie cérébrale et si on essaye d’étendre la main ou le bras, on rencontre une résistance élastique parfaitement régulière et continue. Si on fait la même expérience sur la contracture hystérique, on rencontre une résistance très irrégulière et variable : la main est au début peu serrée quand on n’essaye pas de la déplier, mais on sent brusquement une augmentation de la contraction au moment où on essaye de l’étendre; si on cesse la tentative et si on laisse le membre au repos, on observe qu’il se détend visiblement. Ce qui est curieux, c’est que le même phénomène se produit quand les efforts pour produire le mouvement sont faits par le sujet lui-même : quand celui-ci essaye sincèrement d’étendre son bras, la contracture augmente, et elle diminue si le sujet renonce à mouvoir son membre et ne s’en occupe plus. On dirait qu’il y a dans le membre contracturé une sorte d’entêtement à maintenir une certaine position et à résister à toutes les tentatives de déplacement.

Cet entêtement, d’ailleurs, n’est pas perpétuel et définitif : depuis longtemps, on a observé que la contracture disparaissait dans certains états psychologiques. Le sommeil chloroformique, quand il est poussé assez loin pour supprimer les phénomènes de conscience, amène toujours la résolution complète. Celle-ci survient aussi quelquefois même pendant le sommeil naturel, de même que les chorées et les tics cessent pendant le sommeil quand il est complet.