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essentiellement psychologiques. Il suffit de rappeler les émotions qui jouent un rôle au début et à la fin de la maladie, les idées fixes qui accompagnent souvent ces contractures et qui, dans bien des cas, ont un rapport très étroit avec l’attitude même du membre. Je n’ajoute qu’un exemple à tous ceux qui ont déjà été cités : un jeune homme de dix-huit ans est tourmenté très souvent par l’idée fixe de s’enfuir et de voyager dans des pays merveilleux; à plusieurs reprises, cette idée fixe a déterminé des fugues très remarquables de plusieurs semaines de durée, suivies d’amnésie et analogues à de véritables somnambulismes. Dans l’intervalle de ces fugues, le malade rêve pendant son sommeil à ces beaux voyages, et, à un moment, ses jambes remuent régulièrement l’une après l’autre, comme s’il marchait dans son lit; ce sont des phénomènes de chorée rythmée dont nous avons déjà étudié les caractères. On n’hésitera pas à admettre que l’idée fixe du voyage joue un rôle dans ces chorées rythmées comme dans les fugues. Eh bien, de temps en temps, les jambes s’immobilisent dans la position de la marche, et quand le jeune homme se réveille, il ne peut plus les faire bouger, car elles sont contracturées dans cette position : il est bien probable que l’idée fixe intervenue dans les deux phénomènes précédents joue également un rôle dans celui-ci. De même que l’on voit ici la relation de la contracture avec la chorée rythmée, d’autres exemples nous montrent la relation des contractures avec les attitudes cataleptiques, que nous avons étudiées à propos des idées fixes de forme somnambulique et qui, elles aussi, dépendent de certaines idées fixes. Une femme dans un état somnambulique de ce genre, déterminé par une émotion, se figure être poursuivie par un individu qui vient derrière elle du côté gauche. Dans son rêve, elle tourne la tête de ce côté et regarde constamment en arrière avec terreur.