Page:Janet - Les névroses, 1909.djvu/163

Cette page n’a pas encore été corrigée

sont associées et s’évoquent régulièrement l’une l’autre. Il est probable que cette association fonctionnelle correspond à une association anatomique qui s’est faite entre les divers centres et qu’il s’est formé dans mon cerveau un petit centre spécial, celui de la bicyclette. C’est même parce que ce centre persiste et se développe, que l’année prochaine je saurai monter sans avoir à apprendre de nouveau. Quand il s’agit ainsi de fonctions nouvelles, nous comprenons bien que le système soit à la fois mental et physique, mais il ne faut pas oublier que les singes, nos ancêtres, ont appris à marcher sur deux pattes comme nous avons appris à monter sur une bicyclette et qu’avant les singes il y a eu des être qui ont appris à systématiser les mouvements d’un même côté du corps et qui ont inventé le côté droit et le côté gauche. Cette fonction, très ancienne, a ses centres bien organisés, mais cela ne l’empêche pas d’être une fonction, c’est-à-dire un système complet de sensations et d’images.

Eh bien, de même que l’hystérique peut perdre dans le somnambulisme un petit système de pensées qui s’émancipe, ce qui amène deux symptômes, l’agitation somnambulique et l’amnésie, de même cette malade peut perdre de la même manière, par dissociation, un grand et vieux système de sensations et d’images, celui du côté droit ou celui des deux jambes. Cette dissociation se manifestera encore par deux grands symptômes : 1 les agitations motrices involontaires que nous avons étudiées dans notre précédente leçon sous forme de chorées et de tics plus ou moins étendus et, 2 les paralysies hystériques. Je n’insiste pas sur les détails de ces phénomènes, sur les divers degrés de ces paralysies. Je ne cherche pas non plus par quel mécanisme cette dissociation, au moins apparente, se produit, il suffit de constater ici les caractères essentiels de ces accidents.