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distraction ou exécutés en rêve, en un mot, dans les mouvements automatiques.

Les choses semblent tout à fait analogue à ce que nous avons observé à propos des somnambulismes et des amnésies, quand certaines idées nous paraissaient se séparer de la conscience personnelle et subsister séparément à l’état d’idées dissociées. Il faut ajouter seulement ce que nous avons déjà eu l’occasion de remarquer à propos du langage. Ici, ce n’est plus une idée proprement dite qui se sépare de la conscience personnelle, c’est un système d’images et de mouvements, une fonction. L’analogie de ces paralysies avec les amnésies hystériques se comprend aisément quand on considère surtout les paralysies systématiques : l’oublie de l’écriture, l’oubli de la couture ressemblent assez à la perte d’un souvenir, à l’oubli d’une idée, mais on a quelque peine à comprendre qu’il en soit de même pour les paralysies localisées, pour les paraplégies, pour les hémiplégies.

Je crois que ces nouvelles paralysies sont cependant construites sur le même modèle et qu’elles sont également des paralysies systématiques. À mon avis, l’astasie-abasie n’est pas une paralysie hystérique exceptionnelle, c’est le type de toutes les paralysies que l’on observe dans cette névrose. Dans une paralysie hystérique de la main, tous les mouvements de la main et rien que les mouvements de la main sont supprimés : les sensations mêmes déterminées par l’attouchement de la main cessent d’être perçues, comme on le verra plus trad. On peut encore se représenter ce trouble comme la dissociation de tout un système d’images et de mouvements, système ayant son unité et relatif à la mise en œuvre d’un même organe. Il en est de même pour la paralysie des deux jambes; car les deux jambes forment une unité non seulement anatomique, mais encore psychologique. Les animaux nos ancêtres, ont construit dans