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on peut souvent constater la conservation de l’action pendant la veille même du malade, au moment où il se croit et où il se montre tout à fait paralysé. Je fais ici allusion à l’expérience des actions subconscientes dans les paralysies hystériques dont j’ai montré la grande importance en 1886 et 1889. J’ai présenté, à ce moment, une femme paraplégique que l’on pouvait, par suggestion, faire marcher pendant la veille, quand elle était distraite et quand elle ne se rendait pas compte de son mouvement. J’ai présenté des sujets amusants complètement paralysés du bras droit chez lesquels on pouvait provoquer l’écriture automatique des médiums avec cette même main paralysée. D’ailleurs, à la même époque, d’autres auteurs ont présenté des faits semblables[1].

Ces expériences mettent bien en évidence le caractère essentiel d’une paralysie hystérique qui est de laisser subsister intacts les mouvements subconscients. Elles ont cependant des inconvénients, c’est qu’elles sont excessivement difficiles à réussir, qu’elles demandent du temps, un milieu approprié et certaines conditions morales dans lesquelles il faut placer le sujet; ce sont des expériences de laboratoire qui ne peuvent guère servir pour établir le diagnostic extemporané d’une paralysie hystérique. On a proposé depuis ce moment des expériences exactement du même genre, mais plus simples, plus facile à réussir rapidement. Dans certains cas on peut se servir des mouvements associés; par exemple, nous sommes habitués à lever ensemble les deux épaules pour exprimer certains sentiments. Dans les hémiplégies, organiques vraies, le sujet, même distrait, ne peut lever que l’épaule saine, l’hystérique hémiplégique s’oublie à lever les deux épaules. M. Babinski a

  1. Automatisme psychologique, 1889, p. 359. État mental des hystériques, II, p. 123.