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portant sur les parties les plus élevées de la fonction motrice, sur les phénomènes psychologiques qui en sont le couronnement. Depuis longtemps plusieurs auteurs avaient été amenés à cette conception que la paralysie hystérique est une paralysie psychique, et ils avaient constaté à ce propos qu’elle présente un certain nombre de caractères psychologiques. Déjà, autrefois, Laségue et Charcot avaient insisté sur un sentiment d’indifférence qui paraît accompagner ces paralysies. Si nous étions paralysés d’un bras, cela nous gênerait énormément; nous serions très préoccupés de cette maladie, nous aurions des regrets perpétuels et nous ferions sans cesse des efforts désespérés pour retrouver le mouvement perdu. Aussi ne pouvons-nous pas nous défendre d’une certaine surprise et d’une certaine mauvaise humeur quand nous soignons un hystérique paralysé. Ce genre de malades nous agace par sa tranquillité, son indifférence et son inertie. Ils n’ont pas l’air d’être attristés par la privation de leur membre; ils trouvent tout naturel de ne marcher qu’avec une jambe et ne font pas le moindre effort pour se servir de leur jambe paralysée. Cette indifférence joue un rôle dans la démarche du malade, et c’est à ce propos que Charcot a essayé d’établir sa distinction entre la démarche hélicopode de l’hémiplégique organique et la démarche helcopode de l’hémiplégique hystérique. Tandis que le premier fait des efforts désespérés pour faire avancer le membre et le projette en hélice par une secousse du bassin, l’hystérique ne semble plus s’en préoccuper et le traîne après lui comme un boulet.

À cette indifférence se rattachent des troubles de la sensibilité qui accompagnent très souvent les paralysies et qui étaient déjà connus à l’époque de Briquet. Beaucoup de ses sujets sentent peu ou même point les attouchements, les piqûres que l’on fait sur leurs