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protection. » Cette phobie est fréquente et se présente sous bien des formes, tantôt le malade redoute les espaces vides à la campagne, tantôt il craint les places et les rues de la ville, tantôt il a peur de la rue elle-même, tantôt il redoute la foule qui remplit ou qui peut remplir la rue, ou les sergents de ville qui peuvent l’arrêter par erreur, ou les voitures, ou les chiens, ou n’importe quoi.

À l’agoraphobie doit se rattacher une autre phobie très voisine, celle des endroit clos, la claustrophobie, signalée par Beard de New-York, puis par Ball en 1879. Le malade a peur d’étouffer dans un endroit fermé, il ne peut entrer dans une salle de théâtre ou de conférence, dans une voiture, dans un appartement, dont les portes sont fermées, etc…

Il est plus intéressant d’insister sur un groupe de phobies voisines qui jouent dans ces désordres un très grand rôle. Les phobies des situations sociales sont déterminées par la perception d’une situation morale au milieu des hommes. À mon avis le type de ces phobies est la fameuse éreutophobie, si souvent étudiée depuis les travaux de Casper, 1846, de Duboux, 1874, de Westphal, 1877. J’emprunte à M. Clarapède, 1902, un résumé rapide de l’aspect caractéristique d’un malade éreutophobe : « Il n’ose plus se montrer en public, ni même sortir dans la rue. S’il s’agit d’une femme, elle n’ose plus rester en présence d’un homme, de peur que sa rougeur intempestive ne soit l’occasion de propos malveillants sur son compte, s’il s’agit d’un homme, il fuira les femmes. Comme cependant les nécessités de la vie obligent l’éreutophobe à ne pas vivre absolument isolé, il va inventer certains stratagènes pour masquer son infirmité. Au restaurant, il se plongera dans la lecture d’un journal pour qu’on n’aperçoive pas son visage; dans la rue, il se dissimulera sous son parapluie, ou sous les larges ailes de son chapeau. Il sortira de préférence