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il conserve une douleur plus ou moins réelle dans une articulation et il n’ose plus remuer à cause des angoisse terribles qu’il ressent dès qu’il commence le moindre mouvement. La basophobie correspond exactement aux abasies des hystériques : le sujet, pour une raison quelconque, est envahi par la peur de marcher. Il a de telles terreurs, de telles angoisses dès qu’il essaye de faire un pas qu’il renonce absolument à quitter son lit ou sa chaise; le résultat ne serait pas différent s’il avait réellement perdu la fonction de la marche. Inversement dans l’akathisie le sujet ne peut plus s’asseoir pour travailler; bientôt il ne peut plus, sans terribles angoisses, rester assis sur aucune chaise[1]. On retrouverait de telles phobies à propos de toutes les fonctions.

Dans d’autres cas bien plus fréquents, le même état qui ressemble à une émotion de peur très douloureuse se produit simplement à propos de la perception d’un objet, et on a désigné ce symptôme sous le nom de phobie des objets[2]; je crois cependant que c’est un phénomène tout fait voisin du précédent. La perception de l’objet peut être faite par n’importe quel sens, dès que le sujet est averti de la présence de l’objet qu’il redoute, il a ses terreurs et ses angoisses. Il y a ainsi des phobies à propos des couteaux, des fourchettes, des objets pointus, à propos des billets de banque, des bijoux, de tous les objets de valeur, à propos de la poussière, des ordures, des plumes, du linge, des objets de toilette, des boutons de porte, des métaux, des vêtements, de tous les objets qui peuvent être sales, ou dangereux, ou respectables, etc… Tous ces symptômes ont été autrefois

  1. Obsessions et psychasthénie, 1903, I p. 190, II, p. 73, 171.
  2. Ibid., I, p. 198.