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3. - Les phobies des actions chez les psychasténiques.


Les malades dont nous avons étudié les obsessions et les doutes ne présentent pas comme les malades précédents des paralysies ou des contractures. C’est là un caractère important qui sépare les psychasténiques des hystériques. Je crois cependant qu’ils présentent un phénomène correspondant, ce sont les phobies et en particulier les phobies des fonctions et les phobies des actions.

En apparence, la fonction du mouvement n’est pas supprimée, le sujet croit qu’il peut parfaitement remuer ses membres et même il commence à exécuter l’action d’une manière tout à fait correcte. Mais à ce moment même il éprouve toutes espèces de troubles; il sent que son esprit est envahi par les rêves les plus bizarres et par toutes sortes d’agitations de la pensée. Il sent que ses membres s’agitent et éprouvent le besoin de se remuer à tort et à travers; mais surtout il éprouve des troubles viscéraux, des palpitations de cœur, des étouffements, des angoisses. Cet ensemble de troubles se traduit dans sa pensée par un sentiment vague et très douloureux, analogue à la peur, et cette terreur augmente à mesure qu’il continue cette action qu’il se croyait au début bien capable de faire , si bien qu’il ne peut plus continuer, qu’il s’arrête découragé. Comme cette angoisse recommence chaque fois qu’il essaie de faire l’action, il ne peut plus jamais la faire et en définitive l’action finit par être pratiquement supprimée exactement comme dans les paralysies hystériques.

On observe d’abord de tels phénomènes à propos du mouvement des membres. Le syndrome qu’on a appelé « akinesia algera » n’est le plus souvent qu’une phobie du mouvement : le sujet n’a ni paralysie, ni contracture, mais à la suite d’un accident quelconque,