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Quand on lit l’histoire d’un individu cul-de-jatte qui a été poussé à la source dans une petite voiture, avec les jambes tordues sous le corps, dures et desséchées, et qui s’est élevé subitement en emportant sa petite voiture sur ses épaules, on peut affirmer, sans la moindre hésitation, qu’il s’agit là de contractures hystériques. On trouvera, en particulier, plusieurs récits très curieux de ce genre dans le livre célèbre de Carré de Montgeron sur les miracles effectués au cimetière de Saint-Médard, sur la tombe du diacre Paris. Ce sont aussi des phénomènes de ce genre que les médecins ont guéri bien souvent par toutes sortes de précédés, par le courant électrique, par les aimants, par les applications de plaques métalliques, par la simple parole. Il y a donc un ensemble de phénomènes psychologiques dans les terminaisons comme dans les début des contractures.

Si nous jetons un coup d’œil sur les diverses formes que peuvent prendre ces contractures, nous constatons qu’elles peuvent être systématiques comme les paralysies : c’est là un point sur lequel j’ai beaucoup insisté autrefois[1] . Il est souvent méconnu, parce que l’on ne considère pas les contractures à leur début et que le plus souvent, au bout d’un certains temps, la contracture s’étend et perd la forme systématique qu’elle avait au moment de sa formation. De telles contractures conservent aux membres, d’une manière permanente, une attitude expressive, rappelant une action ou une émotion : après une colère, le bras reste levé, le poing fermé et menaçant; une femme donne une gifle à son enfant et, comme par une punition céleste, son bras et sa main restent fixés dans la position qu’ils ont prise à ce moment. Une

  1. Automatisme psychologique, 1889, p. 358, 461; Névroses et idées fixes, 1898, I, p. 175.