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elle semble singulière, il faut cependant y penser. Il n’y a pas longtemps, j’ai constaté un accident de ce genre chez un homme de cinquante ans qui au premier abord semblait tout à fait avoir eu une apoplexie véritable suivie d’hémiplégie. Mais il ne présentait absolument trouble des réflexes, il avait des mouvements subconscients dont on verra tout à l’heure l’importance, il avait eu autrefois toutes sortes d’accidents névropathiques et il me parut plus sage de considérer son accident comme hystérique; une guérison complète après un traitement purement moral vint d’ailleurs confirmer cette interprétation.

À ces diverse paralysies bien connues je voudrais ajouter une dernière forme qui est rarement signalée à cette place. M. Paul Richer a signalé des quadriplégies, c’est-à-dire des paralysie qui portent à la fois sur les quatre membres et il remarque qu’elles sont rares. Je crois que l’on peut observer plus fréquemment des paralysies absolument totales portant sur tous les mouvements volontaires aussi bien sur ceux de la face que sur ceux des membres. Les sujets sont absolument immobilisés, incapables de réagir par aucun mouvement volontaire aux excitations qu’ils sentent cependant fort bien. Aussi les prend-on d’ordinaire pour des sujets endormis et méconnaît-on la véritable nature du phénomène en l’appelant une crise de sommeil. Le fait caractéristique consiste en ce que les sujets sentent tout et se souviennent de tout quand ils sortent de cet état, après plusieurs heures ou même plusieurs jours. Ils racontent tout ce qui s’est passé autour d’eux, ils disent qu’ils ont essayé de bouger, de se défendre, mais qu’ils n’ont pas pu faire le moindre mouvement. Des faits de ce genre ont souvent joué un rôle dans les histoires de léthargie ou de mort apparente.

Ces paralysies que nous venons de distinguer par