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de la bouche : le malade ne sait plus siffler ou souffler tandis qu’il peut faire tous les autres mouvements des lèvres. Ces exemples suffisent pour montrer qu’il y a très souvent chez les hystériques des paralysies systématiques dans lesquelles le sujet ne perd pas tous les mouvements d’un membre, mais seulement un certain système de mouvements groupés par l’éducation en vue d’un même but, pour exécuter un certain acte.

Dans un second groupe se rangent les paralysies localisées dont les limites semblent déterminées par la forme anatomique d’un membre plutôt que par une fonction systématique; elles semblent enlever toutes les fonctions d’un bras, d’une jambe, d’une main. Elles peuvent porter aussi sur la face et sur le tronc, quoique ces faits soient moins fréquents et moins bien connus. J’ai publié à ce propos l’observation d’une jeune fille de quinze ans qui, après une chute dans un puit, a présentée pendant plusieurs mois une paralysie totale des muscles du tronc. Si on la mettait assise, le corps tombait indéfiniment d’un côté ou de l’autre, sans qu’elle pût aucunement se soutenir. On voit par cet exemple que ces paralysies localisées ont la même origine que les précédentes, qu’elle se développent après des chocs, des émotions, ou des fatigues. Nous retrouvons ici ces jeunes filles dont la main droite se paralyse complètement parce qu’elles se fatiguent à préparer un morceau de piano et qu’elles doivent le jouer dans une cérémonie impressionnante. Il faut seulement ajouter que des paralysies localisées peuvent se développer à la suite des paralysies systématiques précédentes dont elles semblent ainsi n’être qu’un degré plus élevé; pendant un certain temps il n’y a qu’une forme d’astasie-abasie, puis peu à peu une jambe ou les deux jambes se paralysent complètement. On vient de voir l’observation de cette ouvrière qui, à la suite d’émotions dans son