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avaient même adopté pour les désigner l’expression « railway’s spine ». Les chutes de voitures, les chutes de cheval, les chocs dans les bagarres en sont aussi l’origine la plus commune : un charretier ivrogne tombe de son siège sur le bras droit et présente ensuite une paralysie de ce bras; un jeune homme de dix-huit ans tombe dans un escalier sur le dos, il a une paralysie des jambes et des contractures des muscles lombaires, etc. Souvent le choc n’est qu’imaginaire : le célèbre malade des premières leçons de Charcot croit avoir été écrasé par une voiture qui n’a pas du tout passé sur lui et il a cependant les deux jambes paralysées. Une des dernières observations que j’ai recueillies est très singulière à ce point de vue : un individu a commis une imprudence en chemin de fer; pendant que le train est en marche, il est descendu sur le marche-pied pour passer d’une portière à l’autre. Il s’est aperçu à ce moment que le train allait entrer sous un tunnel et il s’est imaginé que le côté gauche de son corps qui dépassait allait être pris en écharpe et écrasé contre la paroi du tunnel. En pensant à ce danger terrible, il s’est évanoui; mais heureusement pour lui il n’est pas tombé sur la voie, il a été tiré par des amis dans l’intérieur du wagon et son côté gauche n’a pas même été frôlé. Cela n’empêche pas que cet individu a réalisé les jours suivants une hémiplégie gauche tout à fait complète.

D’autres circonstances peuvent agir de la même manière, les fatigues par exemple, lorsqu’elles sont localisées à un membre, peuvent amener de telles paralysies. Un peintre a senti sa main droite très fatiguée pendant qu’il peignait un plafond, il a présenté à la suite d’une grave monoplégie de la main droite, et il ne s’agissait pas de paralysie saturnine, comme on pourrait le croire. J’ai constaté le même fait chez une jeune fille qui apprenait le violon, chez plusieurs autres personnes qui fatiguaient leurs mains sur le