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1. - Les paralysies hystériques.


Ces paralysies surviennent à peu près dans les mêmes circonstances que les autres symptômes de la névrose : il s’agit toujours d’un accident en lui-même minime qui est accompagné d’une violente émotion et de troubles de l’imagination. Un cas déjà ancien et fort intéressant au point de vue historique est tout à fait typique : je fait allusion à l’observation d’Estelle qui donna lieu au beau livre d’un ancien magnétiseur, Despine (d’Aix), en 1840. Il s’agit d’une jeune fille de douze ans, qui, malgré la défense de sa mère, s’est mise en colère, s’est disputée et battue avec une de ses petites amies; dans l’ardeur du combat, elle a été renversée et s’est assise brusquement par terre. Cette chute sur le derrière a été compliquée par une circonstance aggravante, c’est que la robe a été fortement salie à un endroit significatif. Petite douleur insignifiante qui n’empêche pas la fillette de se relever et de rentrer, mais, émotion pénible, sentiment de honte et de crainte, effort de dissimulation : voilà le résume de l’accident. Le lendemain, cette jeune fille a commencé une paralysie complète de deux jambes, une paraplégie grave qui a duré huit ans. Le fait mérite d’être relevé : huit ans de paralysie des membres inférieurs pour être légèrement tombée sur le derrière. Ces phénomènes n’étaient guère connus à cette époque que de ces singuliers magnétiseurs.

Plus tard différents auteurs comme Brodie, Todd, Duchenne (de Boulogne), Russell, Reynolds, Charcot, Oppenheim et beaucoup d’écrivains contemporains se sont mis à étudier ce qu’on appelait d’abord la névrose traumatique. En effet, les accident traumatiques sont parmi les causes les plus fréquentes de ces paralysie; ainsi on les observe souvent à la suite des catastrophes de chemins de fer et certains médecins anglais