Page:Janet - Les névroses, 1909.djvu/125

Cette page n’a pas encore été corrigée

J’ai noté une dizaine de cas de grande chorée hystérique dans lesquels les sujets, sans s’en douter, sans avoir été aucunement éduqués, présentaient une anesthésie remarquable. Dans une vingtaine d’autres cas, la sensation du mouvement, la sensation du contact et de la douleur étaient nettement moindres sur les membres atteints que sur les membres immobiles.

Ce caractère me semble aussi déterminer une modification dans l’influence que l’attention du sujet peut avoir sur le mouvement automatique. Dans les cas typiques d’hystérie, le sujet n’a pas besoin de faire attention à son bras pour que le mouvement de rotation se produise régulièrement. Bien mieux, j’ai cru observer que les mouvements étaient plus complets, plus réguliers, quand le sujet ne s’en préoccupait pas et quand il pensait à autre chose. Tous ces caractères me paraissent être absolument inverse chez le psychasténique. Celui-ci sent très bien son tic, et il exagère quand il prétend qu’il ne s’en rend pas compte. Il ne présente aucune anesthésie sur les parties atteintes; il y sent le contact et la douleur aussi bien que le mouvement. En un mot, il a pleine conscience de son agitation. Il en résulte que l’atten-tion ne joue pas du tout le même rôle; il a besoin de prêter une certaine attention à son tic pour que celui-ci se produise, et quand on le distrait très fortement, quand il oublie de penser à son mouvement, il cesse de le faire. C’est ce que tous les parents ont observé chez les enfants tiqueurs.

Cette différence dans le degré de la conscience est encore plus remarquable si l’on considère, non pas le tic lui-même, mais les idées, les souvenirs des scènes émotionnantes, les manies mentales qui l’accompagnent et le déterminent. C’est dans le groupe des hystériques que l’on trouvera ces sujets naïfs qu ne comprennent rien du tout à leur propre maladie,