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et de l’attention qui existe pendant les accidents eux-mêmes. Quelques-uns de ces malades semblent avoir perdu conscience; ils ont l’air de ne rien entendre et de ne rien comprendre. Nous savons que c’est exagéré et qu’ils ont toujours conservé une certaine conscience, mais il semble bien que ce ne soit pas la même que pendant l’état de veille. Pendant qu’ils font leurs contorsions, ils n’ont plus les mêmes pudeurs, les mêmes précautions, la même conduite que pendant leur état normal. Une grande crise de contorsions hystériques ne s’arrête pas quand un témoins entre, n’est pas modifiée très facilement par les paroles de l’entourage, sauf dans des cas exceptionnels qui se rattachent à d’autre lois. Au contraire, le psychasténique qui a ses tics, ou même ses agitations, reste le même homme; il continue à parler, à se souvenir, à vous reconnaître. Il s’arrête quand il le faut, il prend des précautions pour ne pas être trop ridicule, il n’a pas du tout cet état d’obnubilation qui caractérise l’agitation hystérique.

La chorée hystérique peut survenir, dira-t-on, même pendant la veille. D’abord il y aurait à remarquer que ce n’est pas pendant une veille très normal : pendant que ces malades ont de la chorée rythmée, ils sont obnubilés, à moitié endormis, en proie à une tristesse vague, et on note facilement un changement d’état mental quand leur chorée s’arrête. Mais, même dans ces cas, leur conscience conservée se porte peu vers le mouvement pathologique : beaucoup de ses sujets sentent à peine le mouvement choréique qu’ils exécutent, au moment même où il se fait. Si on leur cache le bras avec un écran, ils peuvent parler d’autre chose et oublier ce qu’ils font. Cette inconscience du mouvement pathologique s’objective par un fait très remarquable que nous aurons à discuter longuement plus tard et qu’il faut seulement signaler ici : c’est l’insensibilité des membres particulièrement atteint.