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racontée. Voici comment avait commencé la chorée rythmée de cette jeune fille de seize ans qui tournait sans cesse son poignet droit, soulevait et abaissait régulièrement son pied droit. Un soir, la veille du terme, elle avait entendu ses parents, pauvres ouvriers, gémir sur leur misère et sur la difficulté de payer le propriétaire. Elle fut très émotionnée et eut depuis des sortes de somnambulismes la nuit, pendant lesquels elle s’agitait dans son lit et répétait tout haut : « Il faut travailler! Il faut travailler! » Or, quel était le travail de cette jeune fille? Elle avait un métier qui consistait à fabriquer des yeux de poupées, et pour cela elle actionnait un tour en faisant manœuvrer une pédale avec son pied et en tournant un volant avec la main droite. Pendant son somnambulisme nocturne elle faisait ce mouvement de la main et du pied, mais ce mouvement s’accompagnait évidemment d’un état de conscience correspondant, puisqu’elle répétait tout haut : « Il faut travailler! » C’était là une action somnambulique simple, comme toutes celles que nous avons étudiées. Réveillée, elle n’a plus ni souvenir ni conscience de son rêve, mais le mouvement continue du côté droit exactement de même. N’est-il pas vraisemblable qu’il est encore accompagné par un état de conscience du même genre. D’ailleurs l’existence de cet état de conscience peut être mis en évidence par plusieurs expériences.

Tous ces caractères permettent de distinguer assez nettement ces agitations névropathiques des troubles organiques avec lesquels on pourrait les confondre. Il serait peut-être bon de réserver pour ces derniers le mot « convulsions » et de se rappeler qu’il n’y a pas de véritables convulsions chez les névropathes, mais uniquement des agitations.

En résulte-t-il que toutes ces agitations névropathiques soient exactement les mêmes et qu’il faille