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Enfin, un caractère essentiel consiste dans l’association très étroite de ces accidents avec des phénomènes psychologiques : tandis que dans les spasmes organiques on ne peut constater aucune modification mentale, ni au début, ni dans l’évolution de l’accident, on en constate toujours de très importantes dans ces accidents névropathiques. D’abord il est facile de remarquer qu’il y a toujours au début des phénomènes moraux; un simple choc ne suffit pas, il faut qu’il y ait des émotions et des perturbations morales variées. Tous les malades que nous avons cités ont eu des modifications psychologiques de ce genre au début de toutes leurs agitations. L’un a eu un accident à la face ou à l’œil; l’autre a longtemps éprouvé une souffrance dans les dents qui l’effrayait; l’homme qui soufflait toujours par une narine a eu pendant longtemps une croûte dans le nez, à la suite d’un saignement de nez, et s’en est beaucoup préoccupé. Tous les malades qui ont eu des torticolis mentaux ont eu quelque impression morale relative à un mouvement de la tête. Une de jeunes filles que j’ai citées s’ennuyait fort au logis; elle travaillait tout le jour à côté d’une fenêtre donnant sur la rue. Son désir le plus vif était de quitter son travail monotone et d’aller dans la rue qu’elle regardait constamment. Sans cesse elle levait les yeux de son travail et tournait la tête à gauche pour voir ce qui ce passait dans la rue. Peu à peu elle sentit que sa tête tournait constamment à gauche, et prétendit même avoir un chapeau trop lourd de ce côté. Un diagnostic absurde, l’application d’un appareil plâtré sur le cou, ont singulièrement aggravé les choses, et elle a eu longtemps le tic de tourner fortement le cou du côté gauche.

Ces idées, ces phénomènes mentaux plus ou moins nets qui ont existé au début persistent encore pendant tout le développement du tic ou de la chorée. Revenons sur une histoire singulière que j’ai souvent