Page:Janet - Les névroses, 1909.djvu/120

Cette page n’a pas encore été corrigée

au moins pendant un moment. Cela peut, dans certains cas, diriger l’interprétation d’un symptôme douteux. Mais je ne crois pas que l’on puisse aller plus loin. D’abord les limites du pouvoir de la volonté sont difficiles à déterminer; on peut, par l’exercice, arriver à des résultats surprenants, dissocier des fonctions existantes et en créer d’autres et il n’est pas certain qu’un individu sain pris à l’improviste puisse immédiatement reproduire un tic que le sujet travaille depuis dix ans. J’ai décrit une femme qui dans ses tics « avalait son ventre », le faisait rentrer complètement sous les côtes puis ressortir, ce que nous ne pouvons pas faire. D’autre part, ce qui constitue le caractère pathologique de ces phénomènes, c’est leur durée et c’est l’état mental qui les accompagne, or ni l’un ni l’autre ne se retrouvent dans les reproductions volontaires. Il ne faudrait pas conclure de cette remarque superficielle que tous ces phénomènes sont caractérisés par la possibilité de la simulation. Cela nous amènerait à une interprétation absolument fausse des troubles névropathiques et des maladies mentales.

En second lieu, ce trouble systématique n’a pas la permanence et l’invariabilité des accidents organiques, il apparaît et disparaît capricieusement, il augmente ou il diminue quand l’état de l’individu est modifié par le sommeil, les attaques nerveuses, les somnambulismes ou simplement par les émotions, les distractions, les efforts d’atten-tion. Le plus souvent, par exemple, les chorées et les tics disparaissent pendant le sommeil. Mais ce n’est pas une loi absolue : beaucoup de névropathes dorment mal et n’ont pas de sommeil normal. Leur sommeil peut se rapprocher de certains états somnambuliques et des chorées ou des tics peuvent être augmentées ou même se développer uniquement pendant ces états. Il suffit de constater que ces divers états modifient les agitations névropathiques dans l’un ou l’autre sens.