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des changements de la forme extérieure du visage ou des membres; mais ces changements sont à nos yeux harmonieux, car ils se composent de modifications diverses toujours associées entre elles. Par exemple, l’élévation des yeux et des paupières est accompagnée régulièrement par un plissement du front; c’est là un ensemble harmonieux. Un mouvement sera paradoxal et déformant quand il détruira cette harmonie à laquelle nous sommes habitués. Par exemple, une élévation du front et du sourcil, avec fermeture de l’œil, est un paradoxe et une déformation. Les agitations motrices des névropathes ne réalisent jamais une déformation de ce genre. C’est une autre manière de dire ce que nous répétions si souvent, que ces agitations sont systématiques et fonctionnelles.

M. Babinski ajoute une autre remarque qui est intéressante, mais à laquelle nous adhérons moins complètement. Les secousses isolées et paradoxales de tel ou tel muscle dépendent d’une irritation anormale d’un point de l’arc réflexe et ne se produisent pas chez l’homme qui se porte bien et qui n’a aucune lésion sur cet arc. La volonté ne peut agir que sur les fonctions systématiques et ne peut pas descendre jusque dans leurs éléments. La volonté d’un homme normal ne pourra pas déterminer ces déformations paradoxales. Par exemple, nous pouvons plier le bras en faisant agir un système de muscles, comme le biceps et le long supinateur; mais jamais nous ne pourrons faire contracter le biceps tout seul. Il en résulte que des contractions névropathiques pourront être copiées par la volonté, et que de vrais spasmes organiques ne le pourront pas.

Il y aurait là un caractère distinctif des agitations névropathiques. Cette remarque est en partie exacte : il n’est pas facile de reproduire sur soi-même par la volonté un spasme déterminé pour une lésion localisée et il semble plus facile de simuler une agitation névropathique