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pensée leur donne l’idée de faire ou de commencer ces actes absolument opposés. Do…, toutes les fois qu’il s’agit de faire un mouvement délicat, se sent gêné par l’idée de faire une maladresse; il croit qu’il va jeter le verre par terre, commettre une incongruité. Son pouce, au lieu de saisir l’objet, se plie fortement dans la paume de la main : il en résulte qu’il ne peut plus accomplir aucune action délicate. Des faits de ce genre jouent un grand rôle, presque toujours méconnu, dans la crampe des écrivains, dans la crampe des violonistes, dans tous ces mouvements spasmodiques qui viennent gêner les actions que l’on veut faire avec attention. C’est ce que l’on retrouve également dans une foule d’action absurdes que l’on observe fréquemment chez les malades : quand ils veulent avoir un aspect grave et sérieux, ils commencent des éclats de rire ou ébauchent des mouvements de danse; quand ils veulent se montrer très aimables envers quelqu’un, ils lui font une grimace et l’appellent à mi-voix « vieux cochon »; quand ils ont très peur d’une maladie, ils en prennent l’attitude et en jouent les symptômes. Ce besoin maladif de précision et de contraste se retrouve, comme on le voit, dans un très grand nombre de tics.

Un autre groupe de tics se rattache à un état d’esprit analogue et dépend de la manie des précautions. On sait que la manie de la propreté est l’origine d’une foule d’actions absurdes et de tics plus ou moins complets. Combien de sujets se lavent les mains toutes les cinq minutes ou bien les frottent indéfiniment l’une contre l’autre, pour enlever des taches, ou les tiennent droites en l’air, pour qu’elles ne soient pas souillées. Combien d’autres serrent les dents, toussent, crachent continuellement, pour éviter d’avaler des épingles, des petites mouches ou des microbes.

Le sentiment du mécontentement, qui existe au