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tâtent rapidement la poitrine, le corps, pour vérifier si elles n’ont pas engraissé; une jeune fille de seize ans se touche à chaque instant l’oreille et frappe trois petits coups sur sa tête « pour être sûre que la boucle d’oreilles est bien attachée et qu’elle ne tombe pas ». Peu à peu elle a réduit son mouvement, et, quoique maintenant elle lève rapidement l’index, ce geste a la même signification. La manie de la symétrie amène des tics de la marche, comme chez la malade d’Azam qui saute d’une pierre sur l’autre pour procurer à se deux pieds des sensations analogues. Bien des tics sont déterminés par la manie du symbole, par le manie qu’ont ces malades de donner une signification à une foule de petites choses, en particulier à des petits mouvements. Pour l’une, fermer le poing, c’est comme si elle disait : « Je ne crois pas en Dieu »; pour l’autre, se retourner à demi dans la rue représente l’idée de la religion : « C’est comme si, en traversant une église, on se retournait devant le tabernacle. Aussi, à chaque instant, celle-là ferme et ouvre le poing ou bien celle-ci pivote sur les talons.

Ceux qui ont le sentiment de se croire poussés à des crimes ont en grand nombre des manies de la tentation ou de l’impulsion. Leur bras commence à chaque instant des petits mouvements pour frapper, pour piquer, pour toucher une partie du corps; on prend souvent ces actes pour des commencements d’exécution involontaire et le sujet lui-même les montre comme des preuves de la gravité de son impulsion. Rien de tout cela n’est exact : ce ne sont pas des actes involontaires, mais des petites actions que le sujet fait volontairement, pour obéir à sa manie de rechercher son impulsion et de la vérifier. Il en est à peu près de même dans ce qu’on peut appeler les tics de contraste : beaucoup de ces malades, au moment de faire un acte avec attention, pensent aux opérations tout à fait opposées qu’ils redoutent et cette