Page:Janet - Les névroses, 1909.djvu/111

Cette page n’a pas encore été corrigée

un acte stérile, qui ne produit rien. Il est évident qu’il ne produit rien d’utile, mais je crois que l’on peut aussi dire, dans le plus grand nombre des cas, qu’il n’est même pas capable de faire du mal. Ce qui nuit au sujet, c’est le fait d’être un tiqueur, c’est l’ensemble des phénomènes, des troubles qui accompagnent le tic. Mais l’acte lui-même qui est le tic, les mouvement de la tête, le clignement des yeux ne font pas grand mal. Cette inefficacité du tic est intéressante, elle est à rapprocher de l’inutilité complète des manies mentales et se rattache au trouble général de la volonté chez ces malades.

Ce qui est, en effet, essentiel dans le tic, c’est l’état mental qui détermine la production intempestive de cette caricature d’action. Le malade que nous considérons est parfaitement conscient de ce qu’il fait, il sait qu’il ferme les yeux, qu’il tourne la tête, et, quoiqu’il prétende souvent le contraire, ce sont des réflexions, des opérations psychologiques plus ou moins rapides qui déterminent cette conduite absurde. En réalité, ce sont ces opérations mentales qui ont amené l’habitude du tic et qui en constituent la partie essentielle. Dans bien des cas, elles se rapprochent étroitement des manies mentales que nous avons déjà eu l’occasion de signifier à propos des doutes. Un premier groupe de tics se rattache à des manies de perfectionnement, comparables aux manies de l’au delà, que nous avons vues à propos du doute. Le sujet à le sentiment que son action est insuffisante, incomplète, qu’il faut y ajouter quelque chose et ce sont des manies de précision, de vérification qui déterminent bien des tics : l’un secoue sa tête pour vérifier si son chapeau est bien en place ou tout simplement pour savoir si sa tête même n’est pas trop vide ou trop légère, ou trop lourde, ou n’importe quoi. Bien des femmes ont commencé à détourner les yeux de côté pour se voir rapidement dans les glaces, d’autres se