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ceux qui le regardent. Dans bien des cas des malades ont été effrayés par un événement qui s’est passé près d’eux : une femme a entendu un coup de tonnerre à sa gauche; une autre a vu un ivrogne à sa droite : elles conservent un mouvement singulier en rapport avec cette émotion. Tantôt elles tournent la tête du côté où l’événement s’est passé; tantôt, au contraire, elles ont une secousse pour fuir du côté opposé. De tels mouvements sont très nombreux et très variés.

Dans un deuxième groupe, on pourrait placer les chorées professionnelles. Le sujet conserve un mouvement malléatoire de son bras comme s’il frappait à coups de marteau, ou remue régulièrement son bras comme s’il essuyait, comme s’il frottait indéfiniment quelque chose, comme s’il battait du tambour. M… a ainsi le mouvement de va-et-vient, tantôt du bras gauche, tantôt du bras droit, comme si elle repassait du linge, comme si elle le pliait; d’autres conservent le mouvement de jouer du violon. Je répète souvent une observation singulière qui m’a beaucoup frappé autrefois. Une jeune fille de seize ans avait un singulier métier, qui consistait à faire des yeux de poupées, et, à la suite d’une émotion sur laquelle nous reviendrons, elle eut une chorée bizarre du côté droit : son poignet tournait indéfiniment, com-me s’il actionnait une manivelle et son pied faisait sans cesse un mouvement de pédale[1].

D’autres mouvements sont des mouvements d’imitation qui reproduisent une scène ou une attitude plus ou moins émotionnante. P…, un enfant de douze ans, a été si impressionné par un clown qu’il a vu à la foire que pendant quatre ans il a eu des accès pendant lesquels il s’efforçait de reproduire les mouvements et

  1. État mental des hystériques, 1894, II, p. 99.