Page:Janet - Les névroses, 1909.djvu/104

Cette page n’a pas encore été corrigée

nombre. M. Bechterew, en 1901, décrivait dix-sept formes de ces mouvements : flexion du tronc de divers côtés, moulinet des bras et des jambes, mouvement pendulaire du bras, mouvement alternatif d’élévation de l’une ou de l’autre épaule, mouvement de balancier des omoplates, etc. Mais cette liste est forcément incomplète, car la chorée rythmée peut imiter toutes les actions, tous les mouvements professionnels, ou même tous les mouvements des clowns. Certains sujets, montrent une telle habileté dans ces culbutes et ces grimpades qu’on pourrait les montrer dans les cirques. Il n’y a donc pas de raison pour limiter cette liste à tel ou tel mouvement; elle pourrait être interminable, et il suffit d’indiquer quelques exemples de ces chorées rythmées.

Dans un groupe de cas, les mouvements sont expressifs; ils rappellent nettement une action que le sujet semble vouloir faire ou bien ils manifestent un état émotif. Ma…, qui, dans ses crises délirantes, raconte un attentat de son beau-père, présente, soit au même moment, soit pendant la veille en apparence la plus normale, un trouble du mouvement bien caractéristique; elle se soulève à demi, tourne la tête du côté droit, ouvre les yeux avec un air de fureur et lance deux coups de poing de ce côté, puis elle retombe sur son lit. Un instant après elle recommence, et j’ai compté ces gestes quatre-vingt fois de suite. X…, jeune homme de vingt-deux ans, a été accusé pendant son service militaire et a dû passer devant le conseil de guerre. Il a essayé de se défendre de son mieux en niant l’accusation, mais il a été fortement bouleversé par cette émotion. Depuis il conserve un mouvement de balancement ou de secousse de la tête, qui se porte brusquement du côté droit au côté gauche; il semble faire le geste de dire « non » en secouant la tête, mais il répète ce geste d’une manière incessante jusqu’à étourdir véritablement