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Ces épidémies ont diminué aujourd’hui dans nos contrées et, chose singulière, elles ne sévissent plus guère que sur des enfants ou des adolescents, dans des pensionnats ou des ateliers. C’est qu’avec les progrès de la pensée humaine, le temps n’est plus favorable aux démonopathies des adultes.

Cependant des épidémies de ce genre existent encore dans des régions moins civilisées. Je voudrais rappeler à ce propos une description curieuse d’un médecin de Madagascar, G. Ramisirez Ramenengena, qui raconte avoir observé chez les Malgaches des crises singulières déterminées par certaines émotions religieuse. Les individus se mettent à danser avec un balancement monotone qui devient de plus en plus rapide, jusqu’à ce qu’ils tombent par terre absolument épuisés. Les grandes épidémies du moyen âge pourraient donc se retrouver aujourd’hui chez d’autres populations qui ont conservé un état mental analogue à celui qui existait partout autrefois.

Aujourd’hui, dans les régions civilisées de l’Europe, on ne constate plus guère les attaques de spasme rythmique que chez des individus isolés. Il n’est pas difficile de démontrer l’identité de ces accidents hystériques isolés et des phénomènes qui se développaient dans les anciennes épidémies de danses et de sauts. Cette démonstration était déjà faite autrefois par Germain Sée, en 1850, et par Briquet, en 1859. Ces auteurs ont vulgarisé le mot de chorée rythmée ou rythmique, par lequel on désigne aujourd’hui ces phénomènes : « On désigne sous le nom de spasme rythmique des mouvements généralement brusques qui se répètent à des intervalles sensiblement égaux, qui se reproduisent régulièrement pendant un temps souvent fort long, avec une cadence uniforme ».

Des mouvements de ce genre sont extrêmement nombreux et il me paraît impossible d’en fixer le