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crise, les prétendues convulsions et les chorées proprement dites. Les psychasténiques n’ont pas des convulsions tout à fait identiques; ils ne paraissent pas se remuer irrégulièrement sans en avoir conscience, mais ils ont pendant de très longues périodes des mouvements involontaire qui semblent s’imposer à eux et qui dérangent également toute leur activité : ce sont des tics, qui peuvent se grouper en grand nombre pendant certaines périodes de grande agitation. On peut réunir tous ces phénomènes sous le nom d’agitation motrice des névropathes. Nous avons déjà vu des pensées inutiles, pénibles ou dangereuses se développer à la place des pensées naturelles et constituer une agitation mentale; nous avons constaté également qu’il y a une agitation du langage qui s’accompagne souvent d’une impuissance de la parole normale; il y a de même une agitation du mouvement qui substitue à l’activité utile et qui joue un rôle considérable dans les désordres de l’action que nous considérerons dans le prochain chapitre.


1. - Les chorées hystériques.


Pour bien comprendre ces agitations motrices, il est important de mettre au premier rang un phénomène tout à fait typique beaucoup étudié autrefois, un peu trop laissé de côté aujourd’hui : la chorée rythmée, ou la chorée systématique des hystériques. Dès le XIVe siècle on avait remarqué et décrit des épidémies singulières qui sévissaient souvent sur les communautés ou sur les couvents; on les appelait le fléau de la danse (Tanzplage) ou bien l’epilepsia saltatoria. Plus tard on désigna ce phénomène sous le nom de choréomanie épidémique. Un grand nombre de personnes se laissaient aller à des danses, à des sauts, à des contorsions bizarres qui se répétaient indéfiniment.