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plus sévère ; la Folie lucide du docteur Trélat, l’un des livres qui, sans aucune théorie, donne le plus à réfléchir par la triste singularité des faits qui y sont révélés ; la Psychologie morbide de M. Moreau (de Tours), essai paradoxal et piquant, qui excite la pensée en l’irritant, et qui n’est d’ailleurs que l’exagération de la thèse spirituelle soutenue par le docteur Lélut dans ses deux ouvrages du Démon de Socrate et de l’Amulette de Pascal. Enfin je citerai encore la Phrénologie spiritualiste du docteur Castle, tentative intéressante, où la phrénologie essaye de se régénérer par la psychologie.

Tandis que certains physiologistes portaient leurs études jusque sur les confins de la philosophie, il est juste de dire que les philosophes de leur côté essayaient une marche en sens inverse. Déjà notre maître regretté, M. Adolphe Garnier, dans son livre si ingénieux et si exact sur la Psychologie et la Phrénologie comparées, avait ouvert cette voie. De jeunes philosophes se sont mis sur ses traces : un surtout s’est signalé dans cette direction, M. Albert Lemoine. Son livre sur le Sommeil, un autre sur l’Aliéné, un troisième sur l’Âme et le Corps, témoignent d’un esprit très-sagace, très-philosophique, qui, sans faux positivisme, est cependant très-attentif à la recherche des faits, et qui en même temps, sans déclamation spiritualiste, est très-ferme sur les principes. Enfin, puisque nous parlons ici