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des organes, par exemple, la névralgie intercostale.

Les raisons à priori ne sont donc pas suffisantes pour faire rejeter l’hypothèse de M. Dax, si l’expérience lui est favorable, or, il faut reconnaître que les présomptions heureuses sont ici beaucoup plus nombreuses que dans les cas précédents. D’après l’analyse de la question faite par M. Baillarger avec une grande précision et une grande impartialité, il se trouve que sur 165 cas d’aphasiques, il y en a 155 où l’aphasie est accompagnée d’hémiplégie à droite (signe, comme l’on sait, d’une lésion cérébrale à gauche). Au contraire, l’hémiplégie gauche n’a donné que dix cas d’aphasiques. On peut donc dire que la doctrine de M. Dax est appuyée jusqu’ici par l’expérience dans la proportion de 15 contre 1[1]. Quant aux faits contraires, M. Baillarger nous dit qu’on pourrait les expliquer en disant que, pour le cerveau comme pour les mains, il y aurait des droitiers et des gauchers. La plupart des hommes

  1. L’argumentation si forte de M. Baillarger en faveur de M. Dax n’a pas été réfutée. À l’Académie de médecine, on ne lui a pas répondu. Dans sa Physiologie du système nerveux, M. le docteur Vulpian n’a discuté que la doctrine de M. Broca et celle de M. Bouillaud : il a négligé celle de M. Dax, et ce fait si remarquable de la coïncidence presque constante de l’aphasie avec l’hémiplégie droite, et de son absence ordinaire dans l’hémiplégie gauche.