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L’hypothèse de M. Bouillaud, par cela seul qu’elle est plus générale, puisqu’elle ne fixe aucun point précis, et se contente de localiser le langage dans les lobes antérieurs du cerveau, ce qui est assez élastique, cette hypothèse, dis-je, a un plus grand nombre de faits à sa disposition que celle de M. Broca. Cependant, on cite encore beaucoup de faits contradictoires, et notamment celui d’une jeune idiote qui pouvait encore articuler très-nettement quelques mots, quoique les lobes antérieurs du cerveau fussent complétement détruits. Réciproquement, M. Vulpian cite deux cas d’aphasie sans lésion des lobes antérieurs, et il se prononce très-nettement, ainsi que M. Velpeau, contre la doctrine de M. Bouillaud. M. Gratiolet a également cité, à la Société anthropologique, des faits décisifs contre cette hypothèse.

La troisième hypothèse est celle de M. Dax, qui se contente d’affirmer que le langage a son siége dans l’hémisphère gauche du cerveau, sans indiquer la place d’une manière plus précise. Cette doctrine a un point de commun avec celle de M. Broca c’est de fixer à gauche le siége du désordre de la parole. Il s’ensuivrait que nous parlons à gauche, ce qui est une assertion très-singulière, et surtout contraire à cette loi affirmée par tous les physiologistes, à savoir que les deux hémisphères, comme les deux yeux ou les deux