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cette doctrine[1]. Encore, dans l’un des deux cas cités[2], M. Broca nous dit-il qu’on a trouvé le lobe frontal gauche ramolli dans la plus grande partie de son étendue, et la plupart des circonvolutions frontales entièrement détruites. Comment peut-on alors circonscrire la lésion primitive dans l’une plutôt que dans l’autre ? Dans le second cas, à la vérité, la lésion était bien restreinte au siége indiqué. Mais on connaît l’axiome : Testis unus, testis nullus. Maintenant il faut reconnaître que depuis, un certain nombre de faits sont venus confirmer l’hypothèse de M. Broca. Sur 32 faits recueillis par M. Trousseau, 14 sont confirmatifs, mais il y en a 18 contradictoires : ce sont donc les faits négatifs qui ont la majorité. M. Trousseau insiste en particulier sur une femme, évidemment aphasique, chez laquelle on trouva la circonvolution droite ramollie, et la circonvolution gauche parfaitement intacte. Réciproquement, M. le docteur Vulpian a trouvé une destruction absolue de la troisième circonvolution gauche, coïncidant avec un très-léger degré d’aphasie. Or, dans l’hypothèse de M. Broca, la destruction de l’organe devrait entraîner l’abolition de la fonction. On doit donc tenir cette hypothèse pour tout à fait conjecturale.

  1. Discours de M. Bouillaud, p. 634.
  2. Bulletin de la Société d’anthropologie, t. II, p. 237.