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portante, mais dont il ne tenait guère compte dans l’application. Il distinguait la mémoire des mots et le sens du langage. La mémoire des mots consiste à apprendre facilement par cœur, et à retenir plus ou moins longtemps ce qu’on a appris ; le sens du langage est le talent de la philologie, l’habileté à apprendre et à comprendre les langues. Gall localisait la première de ces deux facultés dans les lobes antérieurs du cerveau, et dans cette partie cérébrale qui repose sur la moitié postérieure de la voûte de l’orbite. Quant à la seconde, il ne lui fixait aucun siége spécial, et lui-même reconnaissait que sur ce point ses travaux laissaient beaucoup à désirer[1].

La doctrine de Gall a été reprise depuis par MM. Bouillaud, Dax et Broca. Mais chacun de ces savants ayant une opinion particulière sur la question, exposons chacune d’elles séparément. La doctrine de M. Broca est la plus précise de toutes. Il affirme que le siége de la parole réside dans la troisième circonvolution frontale de l’hémisphère gauche cérébral. Il est impossible d’être plus catégorique : mais une doctrine aussi affirmative court grande chance de n’avoir pas toujours pour elle l’expérience. Nous ferons d’abord observer que M. Broca ne cite que deux faits pour établir

  1. Discours de M. Bouillaud, p. 611.