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pensée. Aussi se voit-on de proche en proche amené sur le terrain de l’aliénation mentale, et il est difficile de séparer rigoureusement le domaine du langage et celui de l’intelligence. Nous inclinons donc à nous ranger à l’opinion de M. Trousseau, qui n’a jamais vu, à ce qu’il nous dit, d’aphasie proprement dite, sans aucun trouble intellectuel. Il rappelle que M. Lordat, après son attaque d’aphasie, avait perdu la mémoire et ne pouvait plus improviser. Dans la plupart des cas cités par M. Trousseau, on voit que l’intelligence était très-atteinte. Quant aux cas contraires cités par M. Bouillaud, ils nous ont paru, pour la plupart, fort peu démonstratifs. Il est bien difficile de juger d’une manière exacte du degré d’intelligence d’une personne qui a perdu le moyen de s’exprimer. On a vu d’ailleurs que les cas d’aphasie simple sont très-peu nombreux, et que la plupart du temps il y a complication. Par ces observations, nous voulons montrer combien il est difficile de circonscrire une faculté du langage rigoureusement séparée de toutes les autres, et pouvant, par conséquent, être localisée dans un siége déterminé. Quoi qu’il en soit, voici les diverses hypothèses qui ont été faites relativement au siége cérébral du langage articulé.

Gall est le premier qui ait essayé cette localisation. Il avait fait une distinction psychologique im-